Lang Lang (郎朗) , un maître

Publié le par JLB

  

Lorsque j’avais environ 15 ans j’entendais souvent parler au conservatoire  d’un « phénomène », un  « nouveau Mozart ». La comparaison ne pouvait à l’époque que me choquer. Je découvris finalement qui était ce musicien prodige. Il est chinois, il s’appelle Lang Lang, c’est probablement l’un des plus grands pianistes actuels. Lang Lang  est un interprète aussi technique que sensible : Son toucher donne une réelle profondeur à ce qu’il joue, il suffit de l'entendre jouer Rachmaninov pour être conquis . 

De plus Lang Lang c’est un peu l’histoire grandiose dont rêve chaque musicien. Si Lang Lang a osé souffrir autant mais si surtout il a osé y croire, à tout instant, cela ne l’a-t-il pas construit tel  qu’il est : l’un des très grands. Pour comprendre qui est Lang Lang (en chinois littéral lumière et gentleman cultivé), j’ai décidé de révéler ce qui m’a semblé les données majeurs de sa construction comme musicien. Pour ce faire je  me suis principalement appuyé sur son autobiographie (très belle et touchante d’ailleurs) :

 

   

Dans son autobiographie le pianiste Lang Lang raconte l’histoire d’un acharnement complet et absolu à la pratique de la musique. Lang Lang est plus que tout un "bourreau de travail" : il le sait comme tout musicien, son génie quel qu’il soit ne le fera pas arriver au sommet, la réponse est dans le travail. Mais le travail est une souffrance malgré toute la passion qu’il a pour la musique classique.

 

 

Tout d’abord Lang Lang est  semble t-il un enfant de sa génération .Comme les autres enfants de son âge il représente pour ses parents le moyen de réaliser leurs rêves rendus impossibles par la révolution culturelle.  Un mot d’ordre-voire parfois un mantra-  être le numéro 1. Les parents prônent cet esprit de compétition dés le plus jeune âge de leurs enfants.

 

Mais le jeune Lang Lang est inscrit dans un système où la réussite est bien plus qu’un donnée de la société post-révolution culturelle .Son père voulait être un musicien professionnel et n’a pas réussi car s’y est pris trop tard.  Plus que partout ailleurs pour être premier il faut être premier en musique : le père de Lang n’hésite pas à s’identifier au père de Mozart.  Cet homme dur, parfois  jusqu’à l’excès, accepte de tout sacrifier pour le talent de son fils  car il ne doute jamais un seul instant que son fils est le numéro un et va le prouver. Les dialogues entre le père et le fils se résumant ainsi  souvent à des ordres d’un côté et le silence de l’autre : « Travaille ».

 

Lang Lang est  souvent comparé par son père à Mozart. Certains éléments permettent de faire une comparaison-même si Lang est surtout un interprète. Dés  3 ans, il étudie le piano au conservatoire de Shenyang. Son père lui explique que les gens son inégaux devant le talent mais que l’on peut choisir de travailler plus que n’importe qui : il lui impose un emploi du temps où la moindre parcelle de temps doit avant tout être un moment pour travailler le piano. À 5 ans, il remporte le Premier Prix du Concours de Shenyang. Lang empile les victoires de plus en plus prestigieuses : par exemple  il est lauréat au concours Xing Hai Cup de Pékin. Mais son père veut faire de lui un pianiste international il le présente donc au concours Young Pianists en Allemagne, Lang Lang remporte ce concours et est remarqué par la sensibilité qu’il met dans son jeu.  En 1995 il remporte le concours  Tchaïkovski au Japon.  Accueilli au Curtis Institute à Philadelphie il est tutoré par le célèbre professeur Gary Graffman entre 1997 et 2002.

Parmi des concerts très prestigieux on peut citer : le concert inaugural de l’Orchestre symphonique national de Chine en 1996 et l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

 Heure après heure le jeune Lang  comprend que cet instrument c’est sa vie et son future. Plus qu’une occupation Lang Lang voit dans son instrument un moyen de communication et de continuer son travail acharné malgré certaines souffrances très vives : l’absence de sa mère par exemple qui doit rester à Shenyang pour financer les études musicales de son fils. Il doit apprendre à faire avec les espoirs de son père, cette pression est des plus difficiles. Mais Lang Lang est doué  et le fait d’y croire- et parfois semble t’il de le savoir- lui permettent de tenir.  Car pour son père comme pour lui chaque concours est une question de vie ou de mort et tout en dépend. Le repos entre deux victoires doit d’ailleurs être raccourci au maximum afin d’optimiser la prochaine préparation.

 

 

Lang Lang est aujourd’hui l’un des musiciens classiques les plus célèbres au monde mais il refuse d’en faire une fin en soi. Il a fondé une structure qui aide financièrement les musiciens prometteurs .Il s’engage  également régulièrement dans des causes humanitaires : en un mot une de ses principales peur ne s’est pas réalisée, son ego n’en a pas « pris un coup » ou « explosé »  (p167 de Le piano absolu). Par-dessus tout on peut tirer une leçon très simple : Lang Lang a cru dans un destin mais s’il l’a rendu possible c’est par le travail, un travail colossal certes mais lorsqu’on écoute une interprétation de Lang Lang on comprend vite pourquoi …

 


 Jean LB

 

 

 

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